Ces entreprises françaises qui brillent à l'international



1er avril 2016





Tribune signée par Nicolas Germain et publiée dans Les Échos





Dans un contexte de reprise pénible du commerce mondial, le tissu économique français porte désormais à 125 000 le nombre d’entreprises exportatrices, soit une progression de 3,1 % en 2015. Parmi ces exportateurs, certains se distinguent et concourent au rayonnement économique du savoir-faire hexagonal.


Lundi 21 mars, la deuxième édition des Grands Prix BFM Business de l’Export célébrait les plus belles réussites françaises à l’international. Que leur chiffre d’affaires s’évalue en milliards ou en centaines de milliers d’euros, ces « pépites » font figure de porte-drapeaux pour un pays qui s’appuie sur trois fois moins d’unités exportatrices que l’Allemagne, et deux fois moins que l’Italie.


Les champions nationaux de l'export


Devialet, Michel & Augustin, Parkeon, Serge Ferrari, Massey Ferguson, SEB : autant d’entreprises récompensées par ces Grands Prix. Certaines de ces aventures sont marquées du sceau de la fulgurance. Créée en 2007 et spécialisée dans le traitement du son, la start-up Devialet a conclu fin 2015 un partenariat avec Apple. « Depuis le 8 décembre, le Phantom de Devialet est vendu dans une quinzaine d’Apple Stores américains », selon Les Echos Week-End. Autre histoire, même succès : « les trublions du goût » Michel & Augustin accèdent également au rêve américain en commercialisant leurs produits, depuis janvier dernier, dans les 7 624 points de vente Starbucks.


La société Parkeon, leader quant à elle sur les marchés de la mobilité urbaine, a remporté le prix de la Tech Made in France. Sur les 185 millions d’euros de chiffre d’affaires réalisés en 2013, 85 % l’ont été à l’exportation dans plus de 50 pays. Pas moins de 200 000 horodateurs intelligents conçus par cette société française sont ainsi actifs à travers le monde, notamment dans les rues de New York ou de Milan. Pareille réussite fait écho au dynamisme tricolore en matière de nouvelles technologies : 190 entreprises issues de la French Tech étaient présentes cette année dans les allées du Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas , rendez-vous incontournable des acteurs de l’innovation électronique. Mieux, sur l’espace Eureka Park qui leur est dédié à l’occasion de ce salon, un tiers des start-up accueillies étaient françaises.


Plus anciennes, les sociétés Serge Ferrari, Massey Ferguson et SEB ne sont pas en reste en termes d’innovation et d’attractivité. Le groupe industriel Serge Ferrari, acteur clé de la filière des membranes composites, génère 75 % de son chiffre d’affaires hors de France et enregistre parmi ses principaux faits d’armes la réalisation du toit du stade olympique de Londres. Le constructeur de matériels agricoles (tracteurs, moissonneuses-batteuses, presses à balles, etc.) Massey Ferguson, bien qu’appartenant au groupe américain AGCO, s’affirme comme le premier employeur privé en Picardie et destine 85 % de sa production française à l’export. Le groupe SEB enfin, chef de file dans le domaine du petit équipement domestique, dispose de 29 sites industriels dans le monde et effectue 45 % de son chiffre d’affaires à l’international.


La diplomatie au service des entreprises exportatrices


Le rattachement en 2014 du secrétariat d’État chargé du commerce extérieur au ministère des affaires étrangères et du développement international, plutôt qu’à Bercy, révèle la volonté du gouvernement de passer à l’offensive pour l’export. Se trouve en ligne de mire la réduction du déficit extérieur et donc le rééquilibrage de la balance commerciale de la France. Création d’un Conseil stratégique de l’attractivité en 2014, puis du Conseil stratégique de l’export en 2015, fusion la même année d’Ubifrance et de l’AFII en une structure unique baptisée Business France, mise en place d’une banque de l’exportation, organisation du premier forum des PME à l’international : les initiatives en ce sens sont légion.


De fait, le déficit commercial de la France s’est réduit en 2015 pour la quatrième année consécutive et s'élève à 45,7 milliards d’euros, contre 74,5 milliards d’euros en 2011, d’après les données de la direction générale des douanes et droits indirects. Seulement, cette embellie s’explique en partie par la chute du prix du baril de pétrole et l’allègement de la facture énergétique, à hauteur de 14,6 milliards d’euros, qui en découle. Structurellement, certains blocages demeurent, notamment la prédominance des grandes entreprises dans la structuration des exportations françaises : en 2013, 1 % des entreprises totalisaient ainsi 97 % des ventes à l’étranger selon l’Insee.


Pour ces raisons, l’économie française compte sur ses « champions de l’export » pour ouvrir la voie et inciter les quelque trois millions d’entreprises qui la composent à franchir le pas de l’international. Mais la marche est haute, tant que perdurent les trois freins que sont le risque de change, l’augmentation des mesures protectionnistes et le spectre des défaillances de paiement. Ludovic Subran annonce, dans le Bulletin Économique n°1 222 du groupe Euler Hermes dont il est chef économiste, que l’année 2016 sera une année VICA (Vulnérabilité, Incertitude, Complexité et Ambiguité) ; nul doute que cet acronyme s’imposera pour décrire, une fois encore, l’évolution du commerce mondial.


Crédit photo : DougLevy_NYC